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Microbiote: l'importance des 1000 premiers jours de vie

On parle des 1000 premiers jours de vie pour désigner la période qui couvre la conception d'un enfant jusqu'à ses 2 ans. C'est un concept scientifique qui désigne cette période comme essentielle pour la maturation, le développement et l'établissement de la santé et du bien-être de l'enfant, adulte de demain. Il sert de base de travail depuis 2020 à l'établissement de nouvelles politiques publiques conçues autour des besoins de l'enfant et de ses parents.


Je vous livre ici des éléments de réflexion, mon intérêt pour le travail du Dr Alessio Fasano (titulaire de la chaire W. Allan Walker de gastroentérologie pédiatrique au Massachusetts General Hospital) et son précieux travail sur les implications de l'intégrité intestinale dans, mon regard de naturopathe et de maman sur la question, les leviers existants pour contribuer à cette période des 1000 jours sur le plan de la prévention santé.


Attention: j'ai conscience que lorsque l'on choisi de s'exprimer sur des sujets qui touchent à la périnatalité, aux choix que nous faisons pour la naissance et l'éducation de nos enfants, on prend le risque de blesser ou vexer quelqu'un quelque part. gardons l'esprit ouvert, et prenons le recul nécessaire pour voir ce que ces informations réveillent chez nous, sans se juger. Il n'y a pas de bonne ou mauvaise manière de faire, du moment que l'on fait les choix qui nous semblent justes et alignés avec nos valeurs.


Saviez-vous que le développement du microbiote d'un bébé démarre in utero, pendant la grossesse ? Le microbiote sera plus ou moins établi de façon définitive à l'âge de 3 ans (il ressemblera au microbiote d'un adulte à cet âge). Cela signifie que durant cette période, le microbiote de l'enfant se forme, mature, évolue, et demeure très sensible aux influences extérieures, tant vertueuses que néfastes. Il sera plus compliqué de le modifier durablement au delà de 6 ans.


Une alimentation et des soins de santé adaptés, pour la mère comme pour le nourrisson au cours de ces 1000 premiers jours de la vie, auront donc un impact non négligeable sur l'état de santé futur de l'enfant.


Microbiote : qu'est-ce que c'est ?

Le microbiote désigne l'ensemble des micro-organismes qui colonisent un environnement spécifique (tube digestif, peau, bouche, vagin...). Il s'agit de bactéries, virus, champignons dits "commensaux", non pathogènes. Le microbiote intestinal est le plus densément peuplé et le plus étudié à l'heure actuelle.


Notre microbiote est unique, tout comme notre ADN ou nos empreintes digitales.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les approches complémentaires de santé mettent l’accent sur l’individualisation des accompagnements plutôt que la mise en place de protocoles tout faits.


De l’état du microbiote intestinal dépendent:

  • la synthèse des neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine), ces messagers chimiques responsables de notre équilibre nerveux.

  • 80% de notre système immunitaire, la capacité de notre corps à différencier le soi du non-soi et la réponse entrainée.

  • Notre capacité à assimiler les nutriments essentiels à notre développement.

  • La liste est longue…


Les pathologies associées au microbiote de l'enfant

On distingue 3 grandes familles de pathologies associées à un déséquilibre du microbiote:

  • Troubles métaboliques: obésité, surpoids, diabète de type 2.

  • Troubles immunitaires: maladies auto-immunes, pathologies inflammatoires (Crohn, rectocolite hémorragique, asthmes, troubles allergiques, intolérances alimentaires).

  • Troubles neurologiques: TSA, TDA/h , stress, dépression



Avant la naissance

Durant la grossesse le fœtus est partiellement exposé aux bactéries intestinales de la mère, de façon à éduquer son système immunitaire avant le grand jour de son arrivée dans un monde largement dominé par les bactéries.


On a longtemps pensé que le placenta était un environnement stérile, mais certaines substances produites par les bactéries traversent la barrière placentaire. La mère a donc tout intérêt à favoriser un équilibre de son propre microbiote durant la grossesse.


Naissance

Le mode d’accouchement impacte également la mise ne place du microbiote de l’enfant.


Lors de l’accouchement par voie basse, l’enfant sera « colonisé » majoritairement par les bactéries présentes dans les voies vaginales de la mère.


Lors de l’accouchement par césarienne, l’enfant sera plutôt colonisé par les bactéries présentes à la surface de la peau et dans l’environnement direct (généralement un environnement hospitalier pour une césarienne).


Après la naissance

Le choix du lait, la façon de mener la diversification alimentaire, le niveau d’hygiène de l’environnement dans lequel l’enfant évolue, le recours aux traitements antibiotiques, anti-inflammatoires ou anti-reflux sont des facteurs déterminant dans la mise en place du microbiote de l’enfant.


Si la mère fait le choix d’allaiter son enfant, son lait est une combinaison parfaite entre nutriments et anticorps (immunoglobulines), et il contient une grande quantité de composants (oligosaccharides) qui ne sont d’aucune utilité nutritivement parlant pour le bébé, mais qui servent à l’implantation et au développement de bonnes bactéries dans le tube digestif de l'enfant.


Allaitement maternel un cadeau pour le microbiote

Comment prendre soin de son microbiote et celui de ses enfants ?


On ne nait qu'une seule fois, et les facteurs déterminants le choix du mode d'accouchement sont très souvent hors de notre contrôle


Il peut nous arriver de croiser un agent infectieux qui ne nous laissera pas d'autre choix que d'avoir recours aux antibiotiques pour se soigner.


En revanche, nous avons besoin de nous nourrir et de nourrir nos enfants quotidiennement pour vivre. Chaque journée avant la conception d'un enfant, durant la grossesse, et après sa naissance, représente une occasion renouvelée de s'alimenter et de nourrir son enfant d'une manière bénéfique pour la mise en place du microbiote:

  1. Adopter une alimentation variée et de saison pour favoriser la constitution d'un microbiote avec des populations bactériennes elles aussi variées. Un aliment de local, de saison, arrivé à maturité naturellement dans sa région de production et consommé rapidement après récolte est plus digeste, plus riches en nutriments bénéfiques.

  2. Mener la diversification alimentaire selon les dernières recommandations officielles, dans le respect de la maturation des capacités digestives et motrices de l'enfant, et en profitant de "la fenêtre d'opportunité" qui existe sur le plan immunitaire, pour limiter le risque allergique et les intolérances (pas avant 4 mois, pas après 6 mois). En cas d'antécédents allergiques au sein de la famille, penser à se faire accompagner.

  3. Introduire quotidiennement une portion de fruit/légumes crus*, riches en fibres prébiotiques, vitamines et minéraux.

  4. Mettre en place à la maison un cadre propice à une digestion efficace et apaisée: repas pris à table, dans le calme, en prenant le temps, sans distraction (TV, radio), et sensibiliser les enfants aux bénéfices d'une bonne mastication.

  5. Limiter les produits industriels ultra-transformés: acides gras trans, sucres blancs et modifiés, additifs alimentaires et conservateurs qui perturbent le microbiote.

  6. Limiter le sucre dans l'alimentation qui, en excès, favorisera un déséquilibre de flore.



Si vous en ressentez le besoin, n'hésitez pas à vous faire accompagner durant cette période sensible et riche en questionnements. Plus d'information sur le suivi naturopathique de l'enfant par ici.


* Crudités: respecter la maturité digestive de l'enfant. Attention, le cru n'est pas adapté pour les pathologies chroniques avérées de l'intestin.


Sources:


Why the first 1000 days of life are instrumental for clinical destiny. Alessio Fasano, MD

https://www.youtube.com/watch?v=CzjUcc2YQJ0


The microbiome in early life: implications for health outcomes

https://www.nature.com/articles/nm.4142



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